Nicaragua ...San Carlos ...Rio San Juan
Nicaragua ... San Carlos ... Rio San Juan (La Esperanza, El Castillo et San Juan del Norte)
Nous quittons l'île d'Ometepe en prenant le ferry de nuit (10h00 de navigation) pour rejoindre la petite ville frontalière (Nicaragua-Costa Rica) de San Carlos. Ce ferry est opérationnel le mardi, jeudi, vendredi et les étrangers sont obligés d'y voyager en première classe (quelle ségrégation !!!). Voyage sans soucis avec une arrivée matinale sur le port de San Carlos.
A 5h00 nous approchons des terres
Pfff C'est lourd et fait chaud !
Avant de quitter le Nicaragua, nous avions bien l'intention de sortir un peu des sentiers battus. Nous avons donc décidé de nous rendre dans une région peu fréquentée par les touristes vu son accessibilité très difficile, le Rio San Juan.
Large fleuve qui délimite la frontière entre le Nicaragua et le Costa Rica, le Rio San Juan relie la ville de San Carlos à celle de San Juan del Norte ( sur la côte des Caraïbes). Excepté la première partie du trajet que l'on peut effectuer à la fois par voie terrestre et voie fluviale, les 150 derniers kms reliant El Castillo et San Juan del Norte ne peuvent être parcourus qu'en barque à moteur (lancha). On a alors vraiment l'impression d'être au bout du monde.
Afin de bien profiter de ce voyage, nous avons morcelé le trajet en plusieurs parties:
- San Carlos- La Esperanza: sous les recommandations d'un Français rencontré à San Juan, nous décidons de nous arrêter au Grand River Lodge à Esperanza. Cette finca (ferme) accueille les voyageurs dans des huttes aménagées et propose la découverte de sa plantation de cacao, des fruitiers locaux et de la forêt environnante.
Nuit et petite visite de San Carlos avant la suite du voyage
Tiens, tiens, y aurait-il un concours de baignoires ici aussi ?
C'est à bord d'une lancha que nous nous sommes donc rendus à Esperanza (1h30). Déposés au milieu de nulle part, nous montons jusqu'au lodge pour nous rendre compte immédiatement que l'endroit est loin de ce qu'on nous en a promis. Le logement est à la limite de l'insalubrité et l'accueil très froid. Heureusement, la finca est perdue au milieu de la nature; tellement perdue que nous y sommes même les seuls touristes! Nous avons droit dés le coucher de soleil aux cris impressionnants des singes hurleurs (ça donne vraiment la chair de poule !). Le matin un jeune ranchero nous conduit à travers la forêt où nous pouvons jouer aux explorateurs et admirer quelques familles de singes. Il nous explique aussi la culture des cacaotiers et nous nous régalons de différents fruits . Nous ne regrettons pas en fin de compte notre passage au Grand River Lodge.
Habitations de fortune pour beaucoup le long du fleuve
Le cheval est le maître des lieux
Sur la route d'Esperanza où nous nous sommes promenés, réparation d'un pneu de camion avec une rustine !
Indiana Jones -alias Denis- dans la jungle
Celui-là, il a fait une de ces chutes quand la branche sur laquelle il se trouvait s'est cassée! Et bien on peut vous affirmer que les singes, c'est comme les chats, ils retombent toujours sur leurs pattes ...impressionnant!
Les fêves sont sèchées puis fumées pour donner le cacao
Bananes plantains (pour la cuisson)
- La Esperanza- El Castillo: nous arrêtons une lancha pour nous rendre en 1h30 à la petite ville de El Castillo. Surmontée (comme son nom l'indique) d'une forteresse, El Castillo a la particularité d'être une cité sans voiture .
Nous n'y resterons qu'un jour, enchaînant directement sur la suite de notre programme. Il n'y a en effet pas de lancha tous les jours alors il faut en profiter
Crocodile près de notre guesthouse
Arrivage de nouveaux bancs pour l'école
- El Castillo- San Juan del Norte (appelée aussi San Juan de Nicaragua): l'Aventure avec un grand A, 8h00 de trajet en lancha au milieu d’une forêt luxuriante. Comme nous sommes en pleine saison sèche, la rivière est à son niveau le plus bas et il faut parfois naviguer très doucement et sonder régulièrement le fond du cours d'eau pour ne pas rester coincés, un vrai travail d'expert pour le capitaine!
Tout au long du parcours, la lancha s'arrête pour embarquer ou débarquer quelques passagers. C'est normal nous direz-vous? Bien sûr sauf qu'ici il n'y a que peu de pontons et que nous aurons plusieurs fois la surprise de voir disparaitre un de nos compagnons de voyage derrière un mur d'arbres et de lianes touffus.
Nous devrons aussi nous arrêter à six postes de contrôle tenus par des militaires, preuve que nous sommes vraiment très près de la frontière.
Quelques maisons sont perdues tout au long du trajet où leurs habitants n'ont pour seul possibilité de déplacement que le bateau. Quelles conditions d'existence ils doivent avoir dans leur logement bien souvent plus que rudimentaire! D'autant que le climat est capricieux ici, le soleil et la pluie se faisant concurence toute la journée.
Dés qu'un bateau apparaît, c'est l'occasion de se changer les idées
Quelle beauté que ce paysage riche en forêt et en faune. Nous aurons d'ailleurs pu apercevoir des crocodiles, un toucan, des tortues, des aigrettes, des hérons cendrés, blancs et roses et de nombreuses espèces d'oiseaux non identifiés.
Arrivée sur le détroit séparant la mer des Caraïbes du rio San Carlos
- San Juan del Norte
San Juan del Norte est une petite ville étonnante. Il faut savoir qu'elle a un passé historique important.
Vers 1850 au temps de la ruée vers l’or, le Rio San Juan était utilisé par la compagnie de Mr Vanderbild pour rejoindre la Californie depuis New york. Les pionniers descendaient à bord de grands vapeurs de New York à San Juan del Norte , puis remontaient le San Juan à bord de petit bateaux , traversaient le lac Nicaragua et rejoignaient enfin la côte Pacifique pour atteindre la Californie. Plus facile et plus sûr que de traverser tous les USA de l’époque. Durant ces années, la ville, prospère, était même parcourue par un tramway.
En 1893, la petite ville comptait près de 1500 habitants, certaines habitations avaient même l'électricité.
A partir du début du XXème siécle, San Juan del Norte perdra toute son importance géostratégique en raison de la construction du canal de Panama.
En 1984, des combats entre l'armée et les contras anéantissent les restes du village. A la fin de la guerre, un nouveau village est construit. Il compte actuellement 2000 habitants, dont 300 indiens Ramas et il n'a plus rien de son passé grandiose.
Petit interméde culturel : Saviez-vous que le Canal de Panama devait être initialement construit au Nicaragua? Les partisans du canal interocéanique au Nicaragua y voyaient un terrain plus favorable avec un dénivelé entre les deux océans moins important qu’au Panama, de vastes étendues d'eaux ainsi qu'un climat plus propice. Au début du dix neuvième siècle, des plans ont été conçus en vue de la construction du canal qui partirait de San Juan Del Norte sur la Côte Atlantique pour suivre le fleuve San Juan jusqu'au grand lac du Nicaragua, percerait la bande de terre entre Rivas et San Juan del Sur sur la Côte Pacifique. Après de nombreuses expéditions, les plans ont été achevés puis approuvés par le Congrès américain. Cependant, le canal du Nicaragua ne verra jamais le jour et pour des raisons économiques et politiques, sera retenu le tracé du Panama.
Ici pas de route, juste des bandes de béton faisant office de trottoirs
Comme il n'y a pas de moyen de transport motorisé on utilise la brouette pour ramener ses achats du petit magasin local
La plupart des logements sont rudimentaires
Petit-déjeuner appétissant, Denis ?
Il faut dire que du gallo pinto (plat traditionnel nicaraguéen qu'on retrouve à tous les repas et constitué de riz et de haricots rouges) au petit déj c'est pas évident à avaler !
Match de base-ball. Quel déplacement pour les adversaires :)
Ce jeune chasse les iguanes pour les manger ...bon appétit !
- Retour vers El Castillo ( 9h30 pour remonter le courant)
La "route" est balisée avec des chiffons rouges pour éviter les endroits trop peu profonds
Arrivée à El Castillo, tout le monde descend (bref, plus de 100 passagers entassés avec les bagages)
Le jour se lève à El Castillo
Fortaleza de la Inmaculada Concepcion de Maria est une petite forteresse espagnole construite pour se protéger des pirates anglais qui avaient par 3 fois mis à sac Granada en remontant le rio San Juan. Aujourd'hui restaurée, la forteresse abrite un petit musée d'histoire et la bibliothèque municipale.Ce qui est chouette ici c'est que la restauration de la forteresse a été jumelée avec une remise à neuf de tout le système électrique de la ville et la réhabilitation de ses maisons...une façon intelligente de procéder
Nous sommes en pleine "fiestas patronales" ( 5 jours de fête et de beuveries)
Les taureaux sont rassemblés pour le rodéo
Rodéo "bon enfant" avec des candidats parfois particulièrement éméchés
- El Castillo- San Carlos ...la boucle est bouclée.
Après trois superbes semaines de découvertes, nous quittons maintenant le Nicaragua pour le Costa Rica.
Le Nicaragua s'est révélé une très bonne surprise. Les paysages y sont superbes, les volcans impressionnants et les habitants particulièrement gentils. C'est un pays qui mériterait une plus grande reconnaissance touristique.